L’impossible Etat palestinien.
Par Sydney Touati
Ceux qui espéraient que l’évacuation de Gaza accélèrerait le processus de constitution d’un Etat palestinien, déchantent aujourd’hui.
Le spectacle qu’offre Gaza nous éloigne chaque jour davantage d’une solution politique et annonce une sorte de conflagration générale des nations occidentales avec ce que l’on appelle le « monde arabe » et musulman.
Comment expliquer l’échec cuisant du projet de paix soutenu par la communauté internationale ?
Ce qui se passe dans les territoires palestiniens est en réalité un formidable laboratoire dans lequel on peut observer, in vivo, les ingrédients et les contradictions de tout le mouvement nationaliste arabe.
Le mouvement nationaliste arabe renferme dès l’origine, les germes de son impuissance à inscrire son développement dans le concert des nations. Le monde arabe est resté globalement à l’écart de la modernité, voire en conflit ouvert avec ses valeurs de liberté, d’égalité hommes femmes etc.
Lorsque l’on observe, pays par pays, comment s’est organisée, développée et comment a triomphé la lutte pour l’indépendance politique conduite par les nationalistes arabes, on constate que partout, (à l’exception notable de la Tunisie) le sentiment national s’est nourri principalement à la source religieuse. On se souvient que le Colonel Lawrence a fédéré les tribus arabes du désert sur la base du Coran, non sur celle d’un projet politique ou du sentiment d’appartenance à une nation.
Or, la dynamique de l’impérialisme islamiste qui vise à l’universel, est en contradiction avec la démarche nationaliste.
Laquelle utilise l’autre pour assurer son triomphe ?
La question n’a toujours pas été tranchée. Cette contradiction, mutatis mutandis, était également à l’œuvre dans le communisme. Celui-ci par définition était internationaliste et concevoir son édification dans un seul pays, était à la limite de l’absurde. On sait comment Staline a « résolu » la contradiction : par l’instauration d’une dictature de fer. Cependant, les solutions provisoires préconisées par le totalitarisme stalinien n’ont pu empêcher, à terme, la faillite généralisée du système.
Les dictatures arabes, à l’instar des dictatures staliniennes, sont parvenues provisoirement à gérer la contradiction en faisant de l’autre (l’occident et les juifs) la cause majeure de leur échec ; en abandonnant leur population à la propagande des chefs religieux ; en laissant se développer en leur sein un discours fondé sur la haine et la nécessité de la guerre. Les Etats arabes n’ont pas su conquérir leur propre société civile qui se dresse à intervalles réguliers, par « barbus » interposés, contre eux. La faiblesse du politique semble consubstantielle à cet espace civilisationnel. L’histoire enseigne un fait précis : personne n’est parvenu à instrumentaliser l’Islam. Au demeurant, quel Etat arabe a réellement renoncé à n’être que l’instrument passif ou actif de l’expansionnisme islamiste ?
Entre les visées universelles de la religion musulmane et les contraintes liées à l’édification d’un Etat, il y a là les ferments d’une contradiction absolue qu’aucun pays arabe n’est parvenu à surmonter réellement et dont l’occident commence à faire l’amère expérience y compris sur ses propres territoires, où se pérennise une immigration « arabe » importante. Les valeurs religieuses se sont emparées des masses maintenues la plupart du temps dans un sous développement chronique ; les murailles que les politiques pensaient avoir édifiées, se disloquent menaçant de provoquer l’effondrement de tout l’édifice.
L’OLP est aujourd’hui confrontée au résultat de sa propre turpitude fondée sur un jeu subtil entre deux référents antinomiques : le religieux et le national. Le Président des palestiniens cherche un impossible accord avec le Hamas. C’est vouloir marier l’eau et le feu.
L’expérience montre que dans cette bataille, le religieux finit par instrumentaliser le politique. Le terrible exemple de l’IRAN (pays non arabe) est là pour le prouver. Celui de l’Algérie et de tant d’autres, également. Dans le monde arabo-musulman, le triomphe du politique est-il concevable aujourd’hui ? Les évolutions actuelles conduisent à en douter sérieusement. Mais il est toujours possible de croire en un miracle.
( source:www.Guysen Israël .com)
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